La Méduse
- Eric Wild

- 10 déc. 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 déc. 2019
Douleur infinie causée par la brûlure d'un sentiment inexcusable
En musique:

Il est fou. Désespéré. Irraisonné. Irréaliste.
Il le sait. Il en a parfaitement conscience et pourtant il ne parvient pas à chasser cette méduse qui brûle ses entrailles. C'est lui qui l'a invitée à s'installer en lui. Il lui a ouvert la porte, l'a guidée au plus profond de lui-même.
Il ne la connaissait pas. Cette méduse était une inconnue. Il l'avait récemment découverte un dimanche de retour de vacances alors qu'elle s'était jetée sur lui de toute ses forces pour l'enlacer de ses tentacules et le marquer douloureusement. Cette douleur intense l'avait égaré, l'avait paniqué avant qu'il ne la remercie pour ce qu'elle lui apportait. La compréhension de la profondeur de ses sentiments.
Il avait trouvé le moyen de l'apprivoiser. Il l'avait tapis dans un coin de son ventre, ses tentacules repliées afin qu'elles ne le brûlent plus de cette même intensité. Il se prenait même du désir malsain de jouer avec elle, de lui demander de se déployer doucement, légèrement afin de ressentir non pas cette brûlure infâme mais plutôt une douce piqûre mêlée d'excitation.
Aujourd'hui, alors qu'il se lève, que le weekend débute, qu'il s'éveille au monde paisiblement malgré une nuit de rêves dérangeants l'ayant projeté contre le mur de sa honte et de son malheur, il la découvre entièrement déployée en lui. Il n'existe aucun refuge en lui où il puisse se retrancher pour échapper à l'enfer ravageant ses sens et son esprit.
Tout n'est pus que souffrance, douleur, angoisse. La méduse se repaît de son angoisse et de son chagrin, s'en sert pour laisser ses filaments empoisonnés se glisser de son cœur à son âme et les meurtrir, le laissant là agonisant.
Il tente de se raisonner. Il ne peut laisser cette méduse l'envahir à nouveau, il l'a voulu. Elle aurait du le quitter aussi brutalement qu'il a pris cette décision qui le taraude et dont les conséquences le hante. Au contraire, elle semble se régaler maintenant. Heureuse d'enfin pouvoir le dévorer et se nourrir de son inconséquence. Elle rit alors qu'elle le ravage et qu'il lutte comme un damné pour la chasser. Elle s'esclaffe alors qu'il lui jette sa raison au visage.
Elle s'étend, encore, nourrie par l'insidieuse idée perfide qu'il ne peut repousser. Cette idée malsaine qui lui permet de revivre l'intensité de l'amour auquel il a essayé de renoncer.
Il ne lutte plus, il laisse la méduse se régaler car il réalise qu'ainsi il pense à ELLE avec l'intensité qu'ELLE mérite.
ELLE est peut-être dans les bras d'un autre. ELLE a rit avec cet autre, inconnu et détesté. ELLE a jouit sous ses assauts. ELLE l'a fait jouir. Cet autre l'a séduite. ELLE sera heureuse avec un autre.
La méduse ne connaît plus de limite. Elle lui fait perdre sa lucidité. Ces mots la nourrissent et il ne peut chasser les idées qu'ils portent ni nier leur réalité future et certaine.
C'est lui qui a voulu ça. C'est lui qui nourrit cette méduse. Il ne la rejettera pas dans l'océan de l'indifférence car il ne le peut pas. Il faudrait l'oublier ELLE pour le pouvoir et il n'en a aucune envie.
Au contraire, il invite la méduse à l'embraser à nouveau. Il la remercie alors que les larmes tirées par l'intensité des brûlures qu'elle lui inflige coulent sur ses joues.
Il remercie sa méduse car grâce à elle, ELLE est présente en lui.
Il l'aime.




Commentaires